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Ode au Vagabondage

Ce projet n’est pas une simple marche itinérante, mais l’illustration d’un état d’esprit. Pour les participants et moi-même. Pourquoi il porte le nom de « Vagabonds » et non « 3000km à pied contre le cancer » ?


Laissez moi une chance pour vous expliquer le sens que je donne à ce mot.



Tout part d’une simple idée. Simple, mais irrépressible : marcher loin et longtemps. Prendre la tangente. Fuir le bruit du quotidien. Une fuite pour aller à la rencontre des autres et de soi-même. C’est ça, le vagabondage.

 

« L’énergie vagabonde est le nom de l’expulsion d’une écurie chérie que vous brulez de revoir tout en consacrant vos forces à la quitter. » Sylvain Tesson.

 

S’extirper de notre routine n’est pas chose facile dans un premier temps, car cela implique d’adopter un nouveau fonctionnement. Le bruit des oiseaux (ou de la pluie !) remplace le réveil, les fins de journées dans notre cocon deviennent alors des moments solitaires silencieux en pleine forêt quand une rivière n’y joue pas sa douce mélodie. Les distances sont les mêmes, mais le temps, ralenti au rythme de nos pas. Paradoxalement, à l’heure où tout doit aller vite, le vagabond décide d’appuyer sur pause. Dans la course effrénée de notre monde au progrès, à l’innovation, le marcheur n’oublie pas que dormir dans un lit douillet est un luxe, que l’eau courante est un privilège, il revient à l’essentiel. Non par refus de sa condition, mais afin de mieux la savourer à son retour.

 

Vagabonder, c’est être spectateur du monde et accueillir à bras ouvert ce qu’il vous offre. Un ciel bleu, une nuit calme, un lever de soleil à couper le souffle, mais aussi la pluie, le vent, l’orage. La marche en itinérance est un condensé de vie. Les rencontres sont brèves, mais marquantes, on se surprend à parler de notre histoire, de nos rêves, de nos peurs, à de simples inconnus qui, pour la plupart, disparaitront aussi vite qu’ils sont apparus, mais dont nous nous souviendrons toute notre vie. Le temps fera parfois son œuvre et leurs prénoms pourront nous échapper, mais le souvenir de ces moments restera ancré en nous.

 

« Si tu n'arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore. » Jean Giono.

 

Pour pouvoir prendre soin des autres, il est indispensable de prendre soin de soi-même. La marche nous permet de faire un bilan. Aller de l’avant pour nous permettre de prendre du recul. Il est bien plus facile de s’écouter lorsque le quotidien se résume à marcher seul en pleine nature. D’ailleurs, les deux activités incontournables deviennent l’observation et la réflexion. Difficile de fuir ses propres pensées. Au contraire, nous voilà obligés de faire face à ce que nous avons tendance à mettre de côté, les dialogues intérieurs peuvent parfois être douloureux, mais sont l’étape incontournable vers un début d’apaisement.



Attention, je ne prétends pas que le vagabondage ou la marche en itinérance soit la panacée. Cela ne convient pas à tout le monde et il faut dire que fuir à chaque fois que l’on doit affronter une épreuve serait tout simplement de la lâcheté.



Néanmoins, tout en s’ouvrant au monde extérieur, en réalisant sa place infime que nous y occupons, le marcheur est plus à même de prendre conscience de l’importance de se mettre au centre de sa vie et de se rapprocher d’un semblant de sérénité intérieure.

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